Les étoiles se forment par effondrement gravitationnel de condensations pré-stellaires. Le jeune embryon stellaire (phase Classe 0) croît en masse par l\'accrétion progressive de l\'enveloppe de gaz et de poussières dans lequel il est enfoui. Par conservation du moment cinétique, si le moment du coeur pré-stellaire est totalement transféré à l\'embryon pendant la phase d\'accrétion, la force gravitationnelle ne peut contrer la force centrifuge et l\'embryon se fragmente prématurément. Pour former une étoile comme notre Soleil, l\'enveloppe en rotation doit nécessairement réduire son moment cinétique de 5 à 10 ordres de grandeur en l\'évacuant ou en le redistribuant. L\'un des principaux défis de la formation stellaire est de quantifier l\'ampleur de ce \"problème du moment cinétique\" et d\'identifier les mécanismes responsables de la redistribution du moment. L\'objectif de cette thèse est d\'étudier la cinématique des enveloppes proto-stellaires de Classe 0 afin d\'établir leurs distributions de moment cinétique. Pour cela, j\'ai utilisé des observations de raies moléculaires à haute résolution angulaire de l\'Interféromètre du Plateau de Bure et du télescope de 30m de l\'IRAM issues du large programme CALYPSO (Continuum and Lines in Young Protostellar Objects, PI : Ph. André) pour un échantillon de 12 proto-étoiles de Classe 0 à une distance d<400 pc. Cette analyse a permis de mesurer des mouvements de rotation différentielle et d\'établir, pour la première fois, des distributions radiales du moment cinétique spécifique sur une grande gamme d\'échelles (~50-10000 au) dans 11 des 12 enveloppes proto-stellaires de l\'échantillon. Deux régimes distincts ont ainsi été mis en exergue: un profil constant à petites échelles (<1600 au) et une augmentation du moment avec le rayon aux grandes échelles (1600-10000 au). Le profil constant montre que la matière participant directement à la formation de l\'étoile possède un moment cinétique spécifique (~5 10^-4 km/s pc, <1600 au) similaire à celui observé dans les petits disques entourant les étoiles T-Tauri. Les gradients de vitesse observés aux grandes échelles (>3000 au), historiquement utilisés pour mesurer la rotation des coeurs et quantifier le problème du moment cinétique, ne sont pas dus à la pure rotation des enveloppe proto-stellaires, mais sont dominés par d\'autres mécanismes. Plusieurs scénarios sont donc discutés pour interpréter le changement de régime dans les profils de moment cinétique aux échelles >1600 au: une empreinte des conditions initiales de la phase pré-stellaire, un changement de mécanismes dominants (contre-rotation, transition effondrement-rotation) ou l\'influence de la dynamique des filaments interstellaires (turbulence, effondrement, chocs) dans lesquels les proto-étoiles sont enfouies.