Les collisions d’ions lourds aux énergies de Fermi conduisent à la formation de noyaux chauds. Selon l’énergie d’excitation mise en jeu, plusieurs modes de décroissance sont observés, en particulier une émission de fragments complexes (Z ≥ 3), dont l’origine est encore mal comprise. Le GANIL permet d’explorer sur une large gamme en énergie, entre 32 et 95 MeV/u, la fonction d’excitation du système Ar+Ni depuis l’« évaporation » jusqu’à la « vaporisation » complète des noyaux chauds en particules légères (neutrons, isotopes de H, He). L’analyse des mécanismes de réaction a montré, pour des petits paramètres d’impact, la domination des collisions binaires très inélastiques. Ces dernières ont motivé une analyse en deux sources, des événements bien mesurés par le détecteur INDRA, à l’aide d’une méthode de reconstruction fondée sur l’« arbre minimum». Des énergies d’excitation voisines de 20 MeV/A sont atteintes, à 95 MeV/u, dans les collisions centrales. Pour les collisions violentes, le partage de l’énergie n’est plus équilibrée entre les deux partenaires, le quasiprojectile ayant une énergie d’excitation par nucléon plus élevée que la quasi-cible. Entre 2 et 8 MeV/A d’énergie d’excitation totale du système, correspond une phase de production importante de fragments de masses intermédiaires qui sature autour de 10 MeV/A. Le déclin du régime de «multifragmentation », au-delà de 15 MeV/A, coïncide avec la probabilité croissante d’observer la « vaporisation » des deux noyaux chauds, dont le seuil se situe aux environs de 8 MeV/A. Par ailleurs, l’augmentation régulière de la température extraite des rapports isotopiques He-Li en fonction de l’énergie d’excitation du quasi-projectile suggère une évolution progressive des modes de décroissance des noyaux chauds, en accord avec les prédictions de modèles statistiques. Aucun signe d’une transition de phase du premier ordre de type liquide-gaz n’est observé pour ces noyaux légers.