11.    « Heureux qui comme Ulysse… »

Durant les années 80, le SAp connaît ce qu’il convient d’appeler une « crise de croissance ». Entre succès, échecs et nouvelles orientations tâtonnantes, un certain flou règne quant à l’ancrage des différentes équipes dans l’avenir. Les unes souffrent que de nombreux projets montés avec les soviétiques soient menés en vain, les annulations étant légions Les autres jouent plutôt la carte américaine… qui se révèle tout aussi problématique. Le SAp vit une véritable Odyssée intestine... tout en s’acharnant à aller de l’avant.
Un peu à l’image du programme Ulysse, d’ailleurs, qui connaîtra quantité de déconvenues avant l’envol de la sonde en 1990. Sous la houlette conjointe de l’ESA et de la NASA, son lancement sera constamment retardé pour des raisons diverses (financières, explosion de la navette spatiale Challenger, etc.). Ce qui ne l’empêchera pas, finalement, de réaliser un véritable tour de force : aller se placer en orbite autour du Soleil pour l’étudier sous toutes les coutures.

Ulysse est la première sonde interplanétaire à quitter le plan des planètes pour aller explorer les pôles du Soleil. A son bord l’instrument KET*, fruit de la collaboration de quatre laboratoires dont le CEA, mesure pour la première fois au dessus des pôles du Soleil les paramètres du vent solaire et le flux des particules cosmiques.
*KET : Kiel Electron Telescope ou Télescope à électrons de Kiel, collaboration entre les universités de Kiel, Milan, Chicago et le SAp Saclay