Galaxies en interaction et naines de marée
Galaxies en interaction et naines de marée

► Carte des deux régions du quintette de Stephan où une importante quantité de gaz d'hydrogène moléculaire a été mesurée. Ces régions sont situées à l'extérieur des galaxies. Les cartes de la raie millimétrique CO mesurée avec l'antenne de l'IRAM sont superposées à une image du groupe de galaxies obtenue avec le télescope spatial Hubble.

Le milieu intergalactique (MIG) contient des quantités restées longtemps insoupçonnées de matière d'origine galactique : nuages de gaz d'hydrogène atomique pré-enrichis, régions d’hydrogène ionisé (HII), nébuleuses planétaires, supernovæ y ont été récemment détectés. S’y ajoutent des éléments lourds plus abondants dans le milieu intra-amas que dans les galaxies. Ils constituent des reliquats de l’évolution galactique et témoignent de l'influence des galaxies sur leur environnement. Parmi les processus d’enrichissement du MIG comme les super-vents associés aux flambées de formation stellaire, les jets émanant de noyaux actifs ou le balayage par pression dynamique exercé par le gaz chaud intra-amas sur le milieu interstellaire, les collisions de marée figurent désormais en bonne place. Le rôle des interactions entre galaxies pour alimenter les régions centrales a depuis longtemps été mis en avant. On comprend aujourd’hui que les forces de marée contribuent à expulser dans le MIG des quantités significatives de matériaux stellaire et surtout gazeux. En juillet 2001, la cartographie de l'émission de gaz CO du groupe compact HCG 92 (le « quintette de Stephan ») a permis la découverte dans le milieu inter-groupe de réserves de gaz moléculaire en quantité équivalente au contenu total de la Voie lactée. Des observations avec l'interféromètre du plateau de Bure ont ensuite montré que des nuages compacts contribuent pour moitié à l’émission. Une partie importante du gaz a probablement été directement arrachée à l’une des galaxies du groupe. Un autre processus entrant en jeu dans l'émission de CO – détectée dans environ 70 % des condensations massives d’hydrogène (HI) présentes dans les queues de marée – est la formation in situ de la composante moléculaire qui suit l'effondrement de nuages d'hydrogène atomique expulsés par effet de marée. La coïncidence en position et vitesse des émissions de HI et CO appuie ce scénario. Ces réserves de gaz alimentent des épisodes de formation stellaire dans le milieu intergalactique. De nouvelles galaxies peuvent naître de ces transferts de matière : les galaxies naines de marée étudiées de longue date par des chercheurs du Dapnia. 
#284 - Màj : 15/11/2004

 

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