Etude de coexistence de formes dans les noyaux légers de Krypton par excitation coulombienne
Emmanuel Clément ; soutenance en salle des conseils de l'IPN-Orsay
DSM/DAPNIA/SPhN
Vendredi 16/06/2006, 14:30
La forme du noyau est une caractéristique fondamentale de la matière nucléaire.
Les isotopes légers pairs-pairs du krypton possèdent la surprenante propriété de présenter deux minimas pour leur énergie potentielle correspondants à deux déformations opposées. Alors que l’état fondamental 0+ peut avoir une déformation allongée ou aplatie, un second minimum aplati ou allongé respectivement, se dessine à une énergie inférieure
à 1 MeV. Un tel phénomène est appelé coexistence de formes. Une première indication expérimentale est l’observation du second minimum correspondant à un état 0+ excité. Celui-ci a été observé tout au long de la chaîne du krypton et un calcul de mélange des configurations allongée et aplatie met en évidence un changement de forme important de l’état fondamental en fonction du nombre de neutrons. Celui-ci serait de déformation allongée pour les 76,74Kr et deviendrait aplati pour le 72Kr. Une mesure directe de la déformation de ces noyaux est l’étape indispensable pour confirmer ces hypothèses. Les moments quadripolaires spectroscopiques des noyaux radioactifs de 76Kr et 74Kr ont été mesurés dans une série d’expériences d’excitation Coulombienne auprès du dispositif SPIRAL associé au multi-détecteur EXOGAM au GANIL. Lors de ces expériences, la statistique était suffisante pour extraire les moments quadripolaires intrinsèques de ces noyaux grâce au code GOSIA. Ils établissent pour la première fois le caractère allongé de l’état fondamental et un état excité aplati conformément au scénario de coexistence de formes. L’analyse de ces expériences ayant montrée l’incompatibilité des temps de vie publiés avec nos donnés, une mesure par « plunger », réalisée auprès du spectromètre GASP à l’INFN de Legnaro, complète cette étude. Enfin, une expérience d’excitation Coulombienne a été réalisée à haute énergie auprès du spectromètre LISE au GANIL permettant une première estimation de la collectivité du noyau de 68Se qui présenterait les mêmes propriétés. L’ensemble des propriétés électromagnétiques des noyaux étudiés est comparé aux études théoriques utilisant les forces effectives de Skyrme et Gogny.