La médaille Tycho Brahe 2022 est décernée à Jean-Luc Starck (CEA Saclay, France) pour le développement de nouvelles méthodes astrostatistiques et d'outils logiciels libres qui ont permis d’optimiser l’exploitation scientifique de grands volumes de données provenant de télescopes Européens spatiaux et terrestres, conduisant à des découvertes majeures en astrophysique extragalactique et en cosmologie.
Jean-Luc Starck est directeur de recherche à l’Irfu, Institut de recherche sur les lois fondamentales de l’Univers du CEA Paris Saclay. Il est titulaire d'un doctorat de l'Observatoire de Nice (1992) et d'une habilitation de recherche de Université Paris XI. En 2010, il a fondé et dirige depuis le laboratoire CosmoStat au CEA, un groupe de recherche interdisciplinaire effectuant des recherches de pointe à l'interface entre l'astrophysique, la cosmologie et les statistiques.
Jean-Luc Starck a été le premier vice-président de l’association Internationale d’Astrostatistics (2012-2022). Il a reçu le prix EADS de l'Académie des sciences française en 2011, ainsi que le prix Gruber en cosmologie en 2018 (en tant que membre de l'équipe Planck de l'ESA) et est membre de l'Academia Europae (depuis 2021). Au cours des dix dernières années, il a reçu des financements de recherche compétitifs dont un ERC advanced.
Il a publié plus de 250 articles avec comité de lecture en astrophysique, cosmologie, traitement du signal et mathématiques appliquées, qui ont plus de 81 000 citations. Il est également l'auteur de trois livres.
Il est fortement impliqué dans la mission spatiale Euclid de l'ESA, dont le lancement est prévu dans les prochaines années (2024-2025).
Qu’est-ce que l’astrostatistique ?
Jean-Luc Starck est un pionnier dans le domaine de l'astrostatistique : Les télescopes modernes produisent de grandes quantités de données et nécessitent des techniques d'analyse avancées pour atteindre leurs objectifs scientifiques. C'est la raison pour laquelle les astrophysiciens font de plus en plus appel aux statisticiens pour développer des méthodes sophistiquées et mathématiquement robustes pour réduire et interpréter leurs données, ce qui a donné naissance à un nouveau domaine interdisciplinaire, l'astrostatistique.
Jean-Luc Starck fait partie d'une poignée de scientifiques à la tête de ce nouveau domaine dynamique. Son groupe cosmostat a été à l'avant-garde de l'avancement de l'astrostatique, fournissant des méthodes et des outils logiciels sophistiqués pour gérer la gestion et l'analyse des Big Data.
Jean-Luc Starck a été un pionnier dans le domaine de l'analyse harmonique en développant de nouvelles décompositions en ondelettes et en curvelets, et en montrant comment elles pouvaient être utilisées pour résoudre des problèmes inverses mal posés, couvrant un large éventail de domaines tels que la détection de sources, la déconvolution, la reconstruction d'images interférométriques, la séparation de composantes, l'inpainting et la cartographie de matière noire à partir de l’effet de lentille gravitationnelle faible.
http://jstarck.cosmostat.org/research
Son groupe a été le premier à étudier le concept d’échantillonnage comprimé détection comprimée (ou Compressed Sensing, Compressive Sampling) dans le domaine de l'astrophysique, ce qui a abouti aux résultats frappants selon lesquels la résolution d'image radio-interférométrique peut être améliorée d’un facteur 4.
Ses travaux menés ont eu un impact direct sur les résultats scientifiques de plusieurs projets spatiaux : l'Observatoire spatial infrarouge (ISO) s'est appuyé sur son approche de calibration et ses méthodes de détection de galaxies pour analyser les premiers relevés infrarouges profonds, ouvrant une nouvelle fenêtre sur l'évolution des galaxies lointaines obscurcies par la poussière. Ses recherches sur les ondelettes et le bruit Poissonnien lui ont permis de proposer une solution pour dériver de manière robuste à la fois le catalogue d'amas du satellite XMM et le catalogue de sources du satellite Fermi. Sa méthode d'analyse des composantes morphologiques a permis d'étudier les filaments des nuages moléculaires dans la formation des étoiles. Les travaux du Jean-Luc Starck sur les lentilles gravitationnelles faibles ont été exploitées avec succès sur les données du télescope spatiale Hubble et auront un fort impact à l’avenir avec la mission Euclid.
Jean-Luc Starck a consacré des efforts considérables à l'avancement de l'astrostatique par la formation de la prochaine génération de scientifiques. Il a supervisé plus de 30 doctorants et postdocs et a organisé 24 conférences sur l'astrostatique et 3 écoles d'été. Il a également publié trois livres dans le domaine du traitement du signal et de l'analyse des données astrophysiques, destinés aux étudiants avancés de premier et deuxième cycles ainsi qu'aux chercheurs débutant dans ce domaine.
En savoir plus sur tous les lauréats de l'EAS avec ce document.