A la suite des quatorze campagnes menées dans la direction des régions centrales de la Galaxie, la base de données du télescope Sigma est forte de plus de 3000 heures de données concernant le coeur de la Voie lactée. (cf. figures 1 et 2 ). Pas moins de quinze sources gamma y ont été identifiées, dont le tiers montre la signature spectrale des trous noirs stellaires en système binaire.
Tous ces astres sont localisés au sein du bulbe galactique, ce renflement central de notre galaxie qui s’étend dans les constellations du Sagittaire, du Serpentaire et du Scorpion (cf. figure 3). Le bulbe galactique est surtout constitué d’étoiles ; sa masse est d’environ dix milliards de fois celle du Soleil. Il s’agit là d’une fraction non négligeable de toute la masse « visible » de la Galaxie. En octobre 1990, 1E 1740.7-2942, la source la plus brillante du bulbe, fut le siège d’un intense sursaut d’émission gamma résultant probablement d’une annihilation massive d’antimatière. Baptisé pour la circonstance « grand annihilateur », cette source fut la cible d’observations menées dans tous les domaines spectraux. La plus fructueuse fut sans conteste la série d’observations conduite de 1991 à 1992 coté gamma, avec Sigma, et côté radio, au Nouveau Mexique, avec le Very Large Array (V.L.A.), un interféromètre unique au monde qui permet de mener dans le domaine radio des observations ultra sensibles avec un pouvoir séparateur d’une fraction de seconde d’angle. On identifia ainsi la source gamma avec une radiosource formée d’un système de jets bipolaires, réplique miniature – à l’échelle stellaire – d’un quasar, d’où ce nom de « microquasar » qui fut également attribué à cette source.
L’observation au V.L.A. des sources Sigma permit de repérer d’autres microquasars : l’un d’entre eux s’avéra corrélée avec GRS 1758-258, un candidat trou noir à émission persistante identifié par Sigma dans les régions centrales de la Galaxie, l’autre avec GRS 1915+105, un trou noir identifié par Sigma en 1992 dans la constellation de l’Aigle. Dans ce dernier cas, les observations conduites au V.L.A. débouchèrent sur la mise évidence de manifestations superluminiques.