01 décembre 2005
Saturne change de classe
Le 18 octobre 2005, le directeur général de la sûreté nucléaire et de la radioprotection a signé une décision relative au déclassement de l’installation nucléaire de base n°48, le synchrotron Saturne, faisant suite à son démantèlement complet. Celle-ci a, par conséquent, été rayée de la liste des installations nucléaires de base. Essentiellement destiné à la recherche en physique des particules, le synchrotron Saturne était exploité par le CEA, au sein du centre d’études nucléaires de Saclay. 
Cette décision est l’aboutissement des travaux coordonnés par la maîtrise d’ouvrage de la DEN/DPA1 et dans lesquels le Dapnia s’est engagé depuis 1999 au travers de son service de déclassement des accélérateurs, devenu en 2005 service d’expertises nucléaires en assainissement et conception. Le processus de démantèlement du synchrotron Saturne a duré près de 6 ans. De janvier 1999 à avril 2001 on a procédé au démontage des expériences de physique, ainsi que des dispositifs auxiliaires d’alimentation en fluides (eau, gaz comprimés, électricité). De juin 2001 à janvier 2004 s’est déroulé le démantèlement de « l’îlot nucléaire », concernant plus particulièrement la partie de production et d’accélération des faisceaux de l’accélérateur. Enfin l’évacuation des déchets nucléaires vers les sites de stockage de l’Andra s’est achevée en mars 2005.  
Saturne change de classe

Figure 1 : Démontage d'aimants de Saturne en vue de leur réutilisation sur un accélérateur au Japon.

Un accélérateur de particules n’est pas un objet industriel, mais un outil de recherche dont le fonctionnement entraîne au fils des ans l’activation de plusieurs centaines de milliers d’objets de toute nature représentant des dizaines de milliers de mètres cubes de bétons et de métaux. Cela impose la recherche de méthodes globales de caractérisations radiologiques représentatives de la diversité des matériaux ainsi que la connaissance précise de leur éventuelle activation pour rechercher des filières privilégiant la valorisation plutôt que le stockage d’un déchet ultime. Pour ce faire, les équipes du Dapnia ont mis en place un « zonage de référence des déchets » c’est-à-dire un système de catalogage et de cartographie des éléments à démanteler permettant de différencier les déchets devant être considérés comme nucléaires de ceux qui restent conventionnels. La démarche analytique qui a abouti à ce zonage a tenu compte de la conception des installations, de leurs règles de fonctionnement et de leur historique et a été validée par l’autorité de la sûreté nucléaire.  
Cette démarche a permis d’importantes économies en évitant que des déchets conventionnels soient considérés comme déchets radioactifs ultimes dont le coût de traitement est incomparablement plus élevé. 85 % des matériaux issus du démantèlement de Saturne ont ainsi été valorisés grâce à une gestion rigoureuse des déchets. Les métaux ont été recyclés dans des fours à fusion ou réutilisés pour la construction de nouveaux accélérateurs (figure 1), et les 15 000 tonnes de protections radiologiques de béton sont devenus, après concassage, des granulats destiné à la construction routière (figure 2). 
Saturne change de classe

Figure 2 : Valorisation de béton par concassage.

Le Dapnia montre ainsi qu’un laboratoire de recherche sur les lois fondamentales de l’univers peut mettre ses connaissances et ses compétences techniques au service de la communauté nucléaire, et de l’environnement en général. 
Contact : François Damoy, chef du Senac 1 DEN/ DPA : Direction du patrimoine et de l'assainissement de la Direction de l'énergie nucléaire  
#854 - Màj : 01/12/2005

 

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