Le 16 novembre 2002, le satellite INTEGRAL a été pointé vers la constellation du Cygne afin d'y observer sans doute l'un des trous noirs les plus proches du Soleil. Cette source baptisée Cygnus X-1 est en réalité constituée de deux étoiles tournant l'une autour de l'autre, l'un d'entre elles étant très probablement un trou noir.
Le 25 novembre 2002 à très exactement 17h58 en temps universel, la caméra ISGRI a enregistré l'arrivée brutale et rapide d'un flot de rayons gamma que les astronomes qualifient de "sursauts gamma". Cette détection ainsi qu' une première estimation à 30' de la position de la source a été portée à la connaissance de la communauté internationale dès le lendemain sous le nom de GRB021125 (pour Gamma-Ray Burst à la date de 2002 du 11e mois et 25e jour). Moins de 5 heures plus tard, cette détection était confirmée par 3 autres satellites permettant de confirmer et préciser sa position. Un travail approfondi sur les données d'ISGRI a permis depuis de réduire l'incertitude sur la direction de la source à 2'.
L'origine des sursauts gamma est très probablement le signe de l'explosion d'une étoile très massive ou hypernova. La connaissance rapide de la position d'un sursaut permet d'entreprendre des observations aux autres longueurs d'onde (visible, rayons X, ondes radio) pour chercher l'émission rémanente du sursaut. En cas de succès, ces observations permettent d'identifier la galaxie hôte de l'évènement et d'en déduire la distance. Certains sursauts ont ainsi été localisés à d'énormes distances correspondant à une fraction notable de l'âge de l'univers.
La caméra ISGRI s'inscrit dans la suite logique de l'expérience acquise avec la construction et l'utilisation de la caméra gamma SIGMA. L'apport principal de la camera ISGRI réside dans son excellente sensibilité, dix fois meilleure que celle de SIGMA. Elle offre également un domaine spectral plus étendu et une meilleure résolution en énergie et en temps. Son champ de vue est également 4 fois plus grand que celui de SIGMA
La camera ISGRI detectera en 1 jour les objets qui necessitaient plus de 100 jours de temps de pose pour SIGMA.
Le champ de vue de la caméra ISGRI est de plus de 20 degrés sur le ciel (soit 40 fois le diamètre solaire). Le gain en performance est illustré par cette image de la région centrale de notre Galaxie où est superposé le champ de vue de SIGMA (en jaune) comparé au champ de vue total d'ISGRI. Durant toute la vie de la caméra SIGMA, seule la région délimitée par le cadre blanc a pu être observée en plusieurs observations décalées. Deux fois plus de surface du ciel est couverte en une seule observation ISGRI.
La caméra gamma ISGRI (Integral Soft Gamma-Ray Imager) est constituée d'un ensemble de 8 modules, eux même formés de 128 micro-caméras élémentaires appelées "polycell". Chaque polycell est lui-même composé de 16 détecteurs semi-conducteurs CdTe (tellurure de cadmium) de 4x4 mm pour 2 mm d'épaisseur. Cette camera gamma de nouvelle génération compte donc plus de 16000 détecteurs individuels (pixels) et couvre une surface de près de 3000 cm2. Cette surface est sensible à la lumière très particulière des rayons gamma dont l'énergie est entre 15 000 et 2 millions de fois plus élevée que la lumière visible. Elle est située a 3.2 mètres d'un masque codé, un écran constitué d'une mosaïque de lourds blocs de tungstène. Grâce à ce masque, la caméra ISGRI obtient un pouvoir de résolution de 12 minutes d'arc et un champ de vue de 350 degrés carrés.
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