L’ESA a adopté Ariel (Atmospheric Remote-sensing Infrared Exoplanet Large-survey), 4ème mission spatiale de classe intermédiaire de son programme Cosmic Vision. Le lancement est prévu en 2029 par une fusée Ariane 6 depuis le Centre Spatial Guyanais à Kourou. L’équipe française, composée du CNES, du CEA et du CNRS, a pris en charge la conception, la réalisation et la livraison du spectromètre AIRS. Pierre Olivier Lagage, astrophysicien à l'Irfu, est l’un des 2 co-PI pour le consortium ARIEL ; l’autre co-PI est Jean-Philippe Beaulieu de l’IAP.
Pour que les images produites par le futur IRM ne subissent des déformations ou d'artefacts, le champ magnétique généré par l'aimant Iseult doit être homogène à 0,5 PPM (parties par millions) autour du cerveau du patient. Pour répondre à ce challenge, il a fallu prévoir des moyens de « réglage » (en anglais « shimming » – calage) du champ afin de corriger tous les petits défauts qui découlent inévitablement de la fabrication. 5904 pièces de shim (petites pastilles de fer) ont ainsi été vissées sur leurs rails et installées à l'intérieur du tunnel de l'aimant. Cette première configuration a été testée le jeudi 9 Juillet 2020 en cartographiant son effet sur le champ magnétique d’Iseult à 3 T. Les résultats sont très encourageants car la première itération a permis de faire passer l’homogénéité du champ dans la zone utile de 138,8 PPM à 3,2 PPM (valeur extrapolée à 11,72 T à partir des mesures magnétiques à 3T).
En 2016, l’annonce de la première détection directe d’ondes gravitationnelles a ouvert une nouvelle fenêtre d’observation pour sonder notre univers de manière inédite. L’observatoire spatial LISA (Laser Interferometer Space Antenna) promu par l’ESA (European Space Agency) permettra la détection directe d’ondes gravitationnelles indétectables par les interféromètres terrestres. Son lancement est prévu par l’ESA en 2034 et de nombreux travaux actuels explorent son potentiel scientifique, notamment au travers des LISA Data Challenges visant à exploiter des pseudo-données réalistes. Des chercheurs du DEDIP et du DPhN de l’Irfu ont récemment développé de nouvelles méthodes de détection d’ondes gravitationnelles inspirées de problèmes analogues en traitement d’image appliqué à l’astrophysique. Ces méthodes ont permis de répondre avec succès au dernier LISA Data Challenge. Ces travaux, publiés dans la revue Physical Review D [1], ouvrent la voie à de nombreuses autres études et sont le fruit d’une approche transverse mêlant physique et traitement du signal.
Dans sa forme standard, la double désintégration bêta est un processus par lequel un noyau se désintègre en un noyau différent et émet deux électrons et deux antineutrinos (2νββ). Cette transition nucléaire est très rare, mais elle a été détectée dans plusieurs noyaux grâce à des expériences complexes. Si les neutrinos sont leurs propres antiparticules, il est possible que les antineutrinos émis lors de la double désintégration bêta s'annihilent mutuellement et disparaissent. C'est ce qu'on appelle la double désintégration bêta sans neutrinos (0νββ), un phénomène jamais observé jusqu'à présent. Si 0νββ est détecté, cela permet de vérifier que les neutrinos sont leurs propres antiparticules, et ce serait un indice de la raison pour laquelle ils ont leurs minuscules masses - et s'ils ont joué un rôle dans l'existence de notre univers dominé par la matière.
L'expérience CUPID-Mo, installée au Laboratoire Souterrain de Modane, après une année de données entre mars 2019 et avril 2020 vient de fixer une nouvelle limite mondiale pour la détection de la signature 0νββ.
L’expérience internationale CUPID Mo menée par des laboratoires français de l’IN2P3 et du CEA/IRFU, teste depuis avril dernier l’usage de cristaux à base de Molybdène pour détecter des doubles désintégrations beta sans émission de neutrinos. L'expérience monte progressivement en puissance et montre dès à présent un fond proche de zéro dans la zone d'intérêt, ce qui est très prometteur. Les scientifiques de la collaboration faisaient un point à l'occasion de l'inauguration officielle les 11 et 12 décembre 2019.
L'objectif principal de l'expérience KATRIN est la mesure de la masse des trois neutrinos du modèle standard de la physique des particules. Mais l'analyse du spectre de décroissance bêta du tritium permet également de rechercher la trace d'un hypothétique quatrième neutrino, appelé neutrino stérile. La collaboration vient de soumettre pour publication la première analyse (voir article) à partir de quatre semaines de données acquises en 2019. Pas de trace de ce quatrième neutrino, mais ce n'est qu'un début car la sensibilité va rapidement s'améliorer. Le spectromètre KATRIN démontre un fort potentiel pour étudier cette possible nouvelle facette du neutrino.
Le Sloan Digital Sky Survey (SDSS) publie aujourd'hui une analyse complète de la plus grande carte tridimensionnelle de l'Univers jamais créée, permettant de reconstruire l’histoire de son expansion sur une période de 11 milliards d’années.
Des scientifiques du grand relevé cosmologique SDSS/eBOSS ont construit la première carte dite « tomographique » de l’Univers lointain à très grande échelle, qui jusqu’à maintenant n’existait qu’à une dimension, le long de la ligne de visée du télescope au sol. Pour ce faire, ils ont utilisé les dernières données de forêt Lyman-alpha, qui tracent de manière indirecte la densité de matière dans la direction d’objets brillants, les quasars. La carte obtenue couvre à un cube de 3,26 milliards d’années-lumière de côté issues d’observations de près de 10000 quasars, et constitue un nouvel outil pour étudier l’histoire de l’Univers et ses structures.
Ces travaux sont en cours de publication dans la revue JCAP (arXiv:2004.01448)
Le DPhN en collaboration avec le DEDIP, la DAM Ile de France (DAM/DIF) et JRC-Geel a développé une chambre à fission compacte servant de cible active au centre du calorimètre gamma de la Collaboration n_TOF. Ce dispositif permet d'étudier les rayons gammas spécifiquement issus des réactions de capture radiative (n,γ), souvent noyés dans un flot d'événements de fission également générateurs de gamma.
L’installation NFS (Neutrons For Science) a reçu les premiers faisceaux de protons délivrés par l’accélérateur linéaire de la nouvelle installation Spiral2 du Ganil en décembre 2019. En marge de la mise en service progressive de l’accélérateur en 2020, de courtes périodes de faisceau ont été mises à profit pour tester avec succès plusieurs éléments de NFS. Les premières expériences sont prévues auprès de l’installation à l’automne 2021.
Un premier faisceau de protons accélérés à 33 MeV a été envoyé en décembre 2019 dans la station d’irradiation de NFS (figure 1), couplée à un système de transfert pneumatique permettant de transporter les échantillons irradiés jusqu’à une station de mesure. Les sections efficaces de production de plusieurs noyaux obtenus par irradiation d’échantillons de fer et de cuivre ont ainsi été mesurées. Les résultats de ce test sont en accord avec les données précédemment publiées. Le dispositif d’irradiation et de mesure, construit et opéré par des physiciens du laboratoire NPI de Rez (République Tchèque), sera utilisé dans le futur pour des mesures inédites de sections efficaces de réaction par activation.
Ganil met en service son nouvel accélérateur linéaire supraconducteur (Linac – Figure 1). Cette accélérateur de forte puissance dote le Ganil de nouvelles possibilités en terme de faisceaux au service de la recherche en physique nucléaire. En fournissant des faisceaux d'une intensité allant jusqu'à 5 mA (3x1016 particules par seconde) le Linac de la nouvelle installation Spiral2 (Système de Production d’Ions Radioactifs en Ligne de 2de génération) permettra aux différents programmes scientifiques et techniques du Ganil de franchir de nouvelles frontières.
En octobre, le personnel du GANIL a franchi deux étapes très importantes dans le démarrage du nouvel accélérateur linéaire de SPIRAL2 et la mise en route de la salle NFS, la première qui sera ouverte à la science l’an prochain. Petit tour d’horizon avec Navin Alahari directeur du GANIL.
Il y avait de quoi retenir son souffle. Début octobre, les équipes du LINAC ont réussi à produire et accélérer les premières impulsions de faisceau en configuration nominale, avec une énergie finale de 33 MeV et une intensité instantanée de presque 5mA. En d’autres termes, des paquets de protons ont été densifiés à l’extrême puis injectés et accélérés à la vitesse maximale dans l’accélérateur linéaire. « Cette étape était probablement la plus grosse inconnue de la mise en service, indique Navin Alahari, directeur du GANIL. Nous ne savions pas exactement comment ces paquets très denses de protons, qui ont une forte tendance à se repousser entre eux, allaient se comporter dans l’accélérateur ». Une mauvaise maîtrise du phénomène aurait effectivement des conséquences graves. Elle conduirait immanquablement à des pertes de faisceaux incontrôlées et à l’irradiation intense des éléments de la machine, impactant leur durée de vie.
Environ un an après l’accélération réussie des premiers protons à travers le linac, tout le monde était donc présent dans la salle de contrôle de SPIRAL2 pour assister à ce test primordial. Conduit en n’accélérant qu’un paquet sur 200, c’est-à-dire avec un faisceau d’une puissance moyenne de l’ordre de 1 kW, le test a démontré une très bonne maîtrise des pertes le long de la machine. Indiquant, à la grande satisfaction de tous, une bonne compréhension des phénomènes physiques en jeu durant les processus de formation, d’accélération et de guidage du faisceau. Cette réussite sonne donc comme la confirmation des très bonnes performances du LINAC et laisse espérer des lendemains qui chantent pour les prochaines phases de la mise en service qui consisteront à poursuivre la montée en puissance et à accélérer d’autres types de faisceaux. « Nous allons en particulier pouvoir préparer la prochaine étape importante du LINAC avec la production de deutons, explique Navin Alahari. Nous la testerons l’an prochain, mais maintenant que la machine a montré son excellent fonctionnement avec les protons, ce qui correspond a priori aux conditions les plus difficiles à maîtriser, nous espérons que cela ne sera qu’une formalité ».
Suite à l’autorisation de mise en service de Spiral2 délivrée par l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) le 8 juillet 2019, de nombreuses étapes cruciales se sont enchainées avec succès en fin d’année 2019, avec notamment un premier faisceau de protons accéléré à 33 MeV, l’énergie nominale par l’accélérateur linéaire de Spiral2 (Linac) et une première expérience test dans la salle expérimentale Neutron For Science (NFS).
Ces premiers résultats de 2019 sont très prometteurs. Ils vont se poursuivre en 2020 avec notamment l’augmentation des performances du Linac et la montée en puissance du faisceau (10% de la puissance maximale attendue). Parallèlement avec cette montée en puissance du faisceau, des expériences tests dans NFS seront menées.