R et D en supraconductivité radiofréquence
R et D en supraconductivité radiofréquence

Dispositif d’électropolissage horizontal de cavités supraconductrices en niobium.

 

Afin de réduire la longueur et donc le coût du futur accélérateur linéaire supraconducteur ILC (International linear accelerator) il est nécessaire de construire des structures accélératrices (cavités radiofréquence à neuf cellules) mesurant un mètre de long et pouvant atteindre des champs accélérateurs de 35 voire 40 MV/m. On sait déjà obtenir de telles performances sur des cavités en niobium massif à condition que celles-ci subissent un traitement de surface par voie électrochimique ainsi qu’un étuvage modéré à 120°C pendant 48 heures. Cependant les résultats obtenus par électrochimie ne sont pas suffisamment fiables et reproductibles, quant au processus d’étuvage il n’est pas optimisé pour pouvoir envisager une production industrielle de 20 000 cavités. La R&D « hauts gradients accélérateurs », poursuivie à Saclay, tente d’apporter des solutions à ces problèmes en optimisant les paramètres de l’électropolissage et en recherchant une procédure d’étuvage plus performante.

 

 

Étude de l’électro-polissage

 

En ce qui concerne l’électrochimie, les premiers travaux ont été effectués sur des échantillons de niobium afin de mettre au point des mélanges d’acides plus performants, tout en essayant de diluer au maximum les acides présents dans le mélange pour des raisons de sécurité. Les études ont également porté sur les résidus solides (soufre) ou gazeux (hydrogène) générés lors du traitement. La présence de ces éléments dans le matériau niobium ou à sa surface nuit aux bonnes performances des cavités. Des solutions ont été trouvées : le rinçage à l’alcool permet, par exemple, de dissoudre le soufre.

 

Au cours de l’année 2006 un banc d’électropolissage pour cavité mono-cellule a été réalisé et mis en service. Une première cavité a été électropolie à la fin du mois d’octobre 2006 et a atteint, après un étuvage, un champ de 43 MV/m. Ce banc d’électropolissage va permettre de valider sur des cavités les nouvelles avancées obtenues sur des échantillons.

 

 

 
R et D en supraconductivité radiofréquence

Performances de la première cavité en niobium électropolie au SACM. Évolution du facteur de qualité de la cavité Q en fonction du champ accélérateur : avant (courbe bleue) et après (courbe rouge) un étuvage sous vide de la cavité à 120°C pendant 48 heures.

R et D en supraconductivité radiofréquence

Dispositif à lampes à rayonnement infrarouge pour étuvage rapide.

Amélioration du procédé d’étuvage

 

L’étuvage est l’ultime étape nécessaire pour réduire la dégradation du facteur de qualité à fort champ électrique et obtenir des champs accélérateurs plus élevés.

 

Le traitement consiste à maintenir la cavité sous ultravide et à une température de 120°C pendant 48 heures. Or, pour une production en masse de cavités, le temps d’étuvage est trop long et le procédé trop contraignant à cause du conditionnement sous ultra-vide de la cavité. L’utilisation de lampes à rayonnement infrarouge a permis de mettre au point un procédé d’étuvage équivalent, toujours sous ultravide, mais plus rapide (3 heures à 145 °C).

 

Les conditions opératoires pour pouvoir réaliser l’étuvage à la pression atmosphérique sous air ambiant ou gaz neutre (argon) sont actuellement à l’étude.

 

 

 

Analyses de surface

 

L’étuvage modifie les caractéristiques du supraconducteur sans que l’on en connaisse véritablement la cause. Depuis la découverte du phénomène, l’hypothèse d’une diffusion d’oxygène interstitiel à l’interface entre l’oxyde et le métal a souvent été avancée comme une cause possible. Or, les analyses de surface menées par notre laboratoire en utilisant la méthode de spectroscopie de masse d’ions secondaires (Sims) sur des échantillons de niobium ont montré qu’aucune diffusion notable d’oxygène interstitiel n’est observée.

 

Pour expliquer le phénomène physique de l’étuvage, d’autres explications sont également avancées, par exemple le comblement de lacunes à l’interface entre l’oxyde et le métal. Ces nouvelles hypothèses seront expérimentalement vérifiées et éventuellement validées dans un proche avenir.

 

 
R et D en supraconductivité radiofréquence

Profil de pénétration de l’oxygène interstitiel déterminé par la méthode SIMS (spectroscopie de masse d’ions secondaires). La couche d’oxyde de niobium Nb2O5 en surface s’étend sur une profondeur de 4 nm.

#2372 - Màj : 12/03/2008

 

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